La rentrée scolaire est une période synonyme de retrouvailles, de nouveaux défis mais aussi de préoccupation pour la santé des élèves. L’augmentation importante des crises d’asthme chez les enfants fait désormais partie des classiques du mois de septembre. Les chiffres publiés par Santé publique France le 9 septembre 2025 sont parlants : lors de la première semaine de rentrée, les passages aux urgences pour asthme chez les moins de 15 ans ont bondi de 108 %, soit 756 cas supplémentaires, tandis que les consultations SOS Médecins ont progressé de 61 %, avec 105 actes en plus par rapport à la semaine précédente. Ces données confirment une tendance récurrente, observée chaque année à la même période.
L’asthme, qui touche environ 9 % des enfants scolarisés, est une maladie chronique caractérisée par une inflammation permanente des bronches et des difficultés respiratoires. La rentrée scolaire, avec son lot de changements et d’expositions nouvelles, transforme souvent les salles de classe en environnements propices aux crises. Mais pourquoi ce pic annuel ? Quels sont les mécanismes en jeu, et comment pouvons-nous, en tant que professionnels de santé et acteurs éducatifs, atténuer ce phénomène ?
Pourquoi la rentrée scolaire aggrave-t-elle les crises d’asthme ?
La recrudescence des infections virales
Le retour en collectivité après les vacances d’été marque le début d’une circulation intense des virus respiratoires, tels que les rhinovirus ou le virus respiratoire syncytial (VRS). Ces infections, bien que bénignes pour la plupart des enfants, peuvent aggraver l’inflammation des bronches chez les asthmatiques et déclencher des crises. Les données de Santé publique France montrent que cette hausse des infections coïncide systématiquement avec l’augmentation des passages aux urgences pour asthme, comme en témoigne la hausse de cette rentrée 2025.
L’exposition aux allergènes scolaires
Les salles de classe, parfois peu aérées, abritent une multitude d’allergènes susceptibles d’aggraver les symptômes de l’asthme. Les enfants asthmatiques souffrent aussi généralement d’allergies, notamment aux acariens, omniprésents dans les tapis, rideaux et parquets, ou aux moisissures, qui prolifèrent dans les environnements humides. À ces allergènes s’ajoute le formaldéhyde, un composé organique volatil présent dans certains matériaux de construction, qui peut irriter les voies respiratoires et favoriser les crises.
L’arrêt ou la mauvaise observance des traitements pendant l’été
Les vacances d’été sont souvent synonymes de relâchement dans la prise des traitements de fond, comme les corticoïdes inhalés. Pourtant, ces traitements, prescrits pour être pris toute l’année, sont essentiels pour maintenir une maîtrise de leur risque de crise d’asthme. Leur interruption, même temporaire, entraîne une dégradation progressive de l’état respiratoire, dont les effets se font sentir à la rentrée, lorsque les enfants sont de nouveau exposés aux virus et aux allergènes.
Comment prévenir les crises d’asthme à la rentrée ?
Pour les parents et les enfants
La prévention commence avant même le premier jour d’école. Les parents veillent à la reprise du traitement de fond de leur enfant avant la rentrée, et suivent les recommandations du médecin. Une attention particulière doit être portée aux signes avant-coureurs, tels qu’une rhinite allergique persistante, une toux ou un essoufflement anormal. Des gestes simples, comme éviter le partage des porte-manteaux ou limiter le contact avec des vêtements potentiellement contaminés, peuvent réduire les risques d’exposition aux allergènes.
Pour les établissements scolaires
Les écoles ont aussi un rôle à jouer dans la prévention des crises d’asthme. Améliorer la ventilation et l’aération des salles de classe, choisir des matériaux de construction à faible émission de composés volatils, et éliminer les moisissures visibles sont des mesures concrètes pour réduire l’exposition aux allergènes. De plus, limiter les réservoirs d’acariens, comme les tapis ou les peluches, peut contribuer à créer un environnement plus sûr pour les enfants asthmatiques.
Le rôle de la communauté éducative
Les enseignants ainsi que l’ensemble du personnel des établissements scolaires, doivent être informés des allergies et de l’asthme des élèves, notamment grâce au Projet d’Accueil Individualisé (PAI). Ce document permet de formaliser les besoins spécifiques de chaque enfant et de définir les conduites à tenir en cas de crise. Une formation aux gestes d’urgence et une sensibilisation aux signes d’alerte sont également essentielles pour garantir une réaction rapide et adaptée.
Le rôle de l’infirmière scolaire
Prévention et éducation
L’infirmière scolaire a une place à part entière dans la lutte contre les situations de crise chez l’élève asthmatique. En plus de son rôle de gestion des urgences, elle a en amont pour mission de sensibiliser les élèves, les parents et les enseignants aux facteurs de risque et aux gestes préventifs. En participant activement à la mise en place et au suivi des PAI, elle contribue à sécuriser le quotidien scolaire des enfants asthmatiques. Elle forme les équipes à la conduite à tenir en cas de crise, renforçant ainsi la chaîne de secours.
Gestion des crises et coordination
En cas de crise, l’infirmière scolaire est en mesure d’agir rapidement. Cela implique d’assurer la disponibilité des traitements d’urgence, même en son absence, et de former les personnels. Elle joue également un rôle de coordination entre les médecins, les familles et les enseignants, afin d’adapter les protocoles en fonction des besoins de chaque enfant. Si nécessaire, elle peut orienter vers un examen médical pour réévaluer le PAI ou ajuster le traitement.
Grâce à une combinaison de mesures préventives – observance rigoureuse des traitements, contrôle des allergènes, amélioration de l’environnement scolaire – et à l’implication active de l’infirmière scolaire, il est possible de réduire significativement ce pic annuel de crises d’asthme. En travaillant main dans la main, parents, enseignants et professionnels de santé peuvent améliorer collectivement l’accueil des élèves à besoins spécifiques.
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Publié le 05/02/2025
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