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Journée mondiale des droits des enfants : accès à la santé

Le 20 novembre, la Journée mondiale des droits des enfants met en lumière les besoins fondamentaux des plus jeunes, rappelant à tous l’importance de leur bien-être et de leur protection. L’un des droits les plus essentiels est l’accès à la santé, inscrit dans la Convention internationale des droits de l’enfant. Pourtant, l’accès aux soins pour tous les enfants, sans distinction de milieu social ou de statut familial, reste un défi à relever. Dans ce contexte, les infirmières scolaires apparaissent comme une partie de l’équation pour garantir aux enfants un accès immédiat et gratuit à des soins infirmiers au sein de leur établissement, en toute autonomie.

L’accès à la santé : un droit fondamental des enfants

La CIDE, adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU en 1989, consacre le droit à la santé comme une priorité. Selon l’article 24 de cette convention, les États parties s’engagent à garantir l’accès des enfants à des soins de qualité, à la prévention des maladies et à l’éducation pour la santé. Pourtant, de nombreux enfants dans le monde, et même en France, ne bénéficient pas pleinement de ces droits.

Les inégalités d’accès aux soins restent marquées, notamment en fonction du milieu socio-économique des familles. Les statistiques montrent que les enfants issus de familles défavorisées sont plus exposés à des problématiques de santé non prises en charge, faute de ressources ou d’informations. Ces inégalités ont des répercussions sur leur développement physique, émotionnel et éducatif. En ce sens, l’accès à la santé est intrinsèquement lié au bien-être global de l’enfant, impactant directement sa capacité à apprendre et à s’épanouir.

Les leviers dans l’accès équitable aux soins

En milieu scolaire, l’infirmière joue un rôle fondamental pour rendre la santé accessible à tous les enfants. Au regard de ces missions, elle est conseillère en santé de tout l’établissement, aussi bien physique, psychologique que relationnelle. Contrairement à d’autres services de santé, les soins qu’elle dispense sont immédiats, gratuits, et disponibles sans rendez-vous, offrant ainsi une première réponse à de nombreuses situations d’urgence ou de suivi.

Une des spécificités de l’infirmerie, c’est l’autonomie avec laquelle les élèves peuvent accéder à une professionnelle de santé reconnue, sans avoir à passer par leurs parents. Cette possibilité permet aux jeunes, même issus de familles où l’accès aux soins est difficile pour des raisons financières ou culturelles, de consulter spontanément. Cet accès facilité, bien que limité par les moyens humains à dispositions dans l’ensemble des établissements, est particulièrement crucial pour des enfants ou adolescents. Ils peuvent parfois avoir des réticences à parler de leurs soucis de santé à leurs parents, que ce soit pour des raisons de gêne ou de conflit familial.

Un élève qui ressentirait des douleurs abdominales, qui ferait un malaise ou qui vivrait une situation de stress émotionnel intense, peut immédiatement se tourner vers l’infirmière pour obtenir une évaluation et des premiers soins. À partir de cette consultation, les actions infirmières ne se limitent pas à des gestes techniques, elles incluent également une écoute active et bienveillante, pour la prise en charge holistique de l’élève.

Lorsqu’un enfant peut accéder librement à des soins de qualité – garantis par le diplôme d’état de l’infirmière – il en retire un sentiment de sécurité et de prise en charge qui contribue à son équilibre général. Cette consultation immédiate, sans passer par le circuit habituel des soins de ville ou l’autorisation parentale, et couverte par le secret professionnel, permet de détecter et de gérer des situations à un stade précoce, évitant parfois des complications plus graves.

De plus, le suivi de l’état de santé des élèves s’opère de manière plus exhaustive, et pas seulement à la demande des jeunes. Des consultations à l’initiative de l’infirmière scolaire, ou à la demande des familles ou de l’équipe éducative, sont aussi l’occasion de proposer des examens ou des entretiens personnalisés. Et le dépistage infirmier obligatoire de la douzième année, permet de réaliser une consultation normée de tous les élèves à leur entrée au collège en 6e.

Les défis et perspectives

Bien que les infirmières scolaires soient les actrices principales de la santé à l’École, elles ne peuvent pas être les seules à porter cette thématique. D’autant plus que le développement d’un environnement sain, doit être transversal, et toucher tous les domaines de l’École, pas seulement le cadre de l’infirmerie.

La santé et le bien-être des élèves sont influencés par une diversité de facteurs, appelés déterminants de santé, qui incluent des aspects individuels, collectifs, socio-économiques et environnementaux. Dans ce cadre, la démarche d’École promotrice de santé (EPSa), intégrée aux projets d’école et d’établissement, vise à instaurer une approche globale de promotion de la santé. Cette initiative s’articule autour de trois axes principaux : l’éducation à la santé, la prévention des conduites à risques et la protection de la santé. Déployée pour l’instant sur la base du volontariat, les établissements souhaitant adopter cette démarche doivent suivre une procédure académique, souvent à partir d’un appel à candidature. Une fois engagés dans la mise en œuvre de l’EPSa, les EPLE peuvent prétendre à l’obtention du label « ÉduSanté », une reconnaissance qui valorise l’engagement et le déploiement de cette démarche. Ce label est structuré en trois phases : s’engager, approfondir, et déployer. Chaque rectorat décide des modalités de son attribution, et les candidatures sont habituellement étudiées par le CAESCE.

Article Eduscol « Je souhaite m’engager dans la démarche école promotrice de santé »

Parents et élèves jouent un rôle central dans cette dynamique, en étant pleinement impliqués à travers des instances de concertation spécifiques. Ces collaborations renforcées avec tous les autres acteurs du système éducatif peuvent permettre une meilleure prise en charge globale des élèves.

L’accès à la santé est un droit fondamental, indissociable du bien-être des enfants. En milieu scolaire, les infirmières jouent un rôle unique en rendant les soins accessibles, gratuits et immédiats, permettant ainsi à chaque élève, quel que soit son contexte familial, d’avoir une chance égale de recevoir une prise en charge adaptée. Pour que ce droit soit pleinement respecté, il est crucial de continuer à soutenir et à développer l’accès à des professionnelles de santé à l’École. Il faut aussi aller plus loin et introduire une véritable culture de santé dans tous les aspects du système éducatif.

Missions des INFENES

https://www.unicef.fr/article/pour-un-veritable-droit-a-la-sante-des-enfants/

https://www.ohchr.org/en/calls-for-input/report-realizing-childrens-rights-through-healthy-environment


Abréviations utilisées dans cet article

CAESCE : comité académique d’éducation à la santé, à la citoyenneté et à l’environnement

CIDE : convention internationale des droits de l’enfant

EPLE : établissement public local d’enseignement

EPSa : école promotrice de santé

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Par Alexandre Faure-Maury

Infirmier de l'Éducation nationale depuis plus de 10 ans, sur divers types de postes et aujourd'hui en inter-degrés.