La borréliose de Lyme est une infection bactérienne, la plus fréquente des maladies vectorielles à tiques dans l’hémisphère Nord. Le nombre de nouveaux cas diagnostiqués chaque année a augmenté au cours des deux dernières décennies, avec environ 47 000 cas estimés en 2021, représentant une incidence de 71 cas pour 100 000 habitants en France. Face à des expressions cliniques variables et de aux potentielles complications à long terme, la HAS vient de publier une liste de recommandations de bonne pratique, dont certaines touchent directement à la prise en charge des élèves et des étudiants par l’infirmière scolaire.
La Maladie de Lyme
Cette maladie est causée par des bactéries du complexe Borrelia burgdorferi sensu lato, qui se transmettent à l’homme lors d’une piqûre de tique, principalement celles du genre Ixodes. La physiopathologie est complexe et implique une interaction entre la bactérie, le vecteur (la tique) et l’hôte humain. Après une piqûre de tique infectée, les bactéries peuvent se propager dans le corps humain, provoquant une réponse immunitaire qui peut varier considérablement d’une personne à l’autre. Les symptômes initiaux se présentent le plus souvent par un érythème migrant, une éruption cutanée caractéristique qui s’étend progressivement à partir du site de la piqûre. Cependant, en l’absence de traitement, la maladie peut évoluer vers des formes disséminées, affectant divers systèmes corporels, notamment le système nerveux, les articulations, le cœur et même les yeux.

Érythème migrant (image du domaine public).
Le traitement de la maladie de Lyme repose principalement sur l’antibiothérapie, qui vise à éradiquer l’infection bactérienne. Les antibiotiques couramment utilisés incluent la doxycycline, l’amoxicilline et la ceftriaxone, selon la forme clinique et la gravité de l’infection. Un diagnostic précoce et un traitement approprié sont essentiels pour prévenir les complications à long terme, telles que les atteintes neurologiques ou articulaires chroniques.
Le guide pour les professionnels de santé
Le document « Borréliose de Lyme et autres maladies vectorielles à tiques (MVT) » disponible en cliquant ici, a été élaboré par la Haute Autorité de Santé (HAS) et propose une ressource précieuse pour les professionnels de santé, et donc les infirmières scolaires. Ce guide vise à harmoniser les pratiques cliniques et à fournir des recommandations basées sur les connaissances scientifiques actuelles concernant la borréliose de Lyme et d’autres maladies vectorielles à tiques.
Les objectifs de ce document sont multiples. Il cherche à aider les praticiens dans leurs démarches diagnostiques et thérapeutiques, à prévenir l’errance médicale et à améliorer la prise en charge des patients atteints ou suspectés d’être atteints de ces maladies. Le guide couvre divers aspects, allant de l’épidémiologie et de la prévention aux manifestations cliniques, aux stratégies diagnostiques et aux traitements spécifiques.
Pour les infirmières scolaires, ce document offre des conseils pratiques sur la prévention des piqûres de tiques, la gestion des cas suspects et le suivi des élèves atteints. En outre, il propose des stratégies pour éduquer les élèves et les parents sur les risques associés aux tiques et les mesures de prévention à adopter, notamment lors des sorties en forêt ou des activités en plein air.
La prise en charge des affections en milieu scolaire
L’approche des maladies vectorielles à tiques en milieu scolaire doit être proactive et éducative. Les infirmières de l’Éducation nationale sont au cœur de la prévention de ces infections en initiant des actions de sensibilisation des élèves et des personnels aux mesures de protection contre les piqûres de tiques. Les conseils ont trait au port de vêtements couvrants, à l’utilisation de répulsifs cutanés et à l’inspection systématique de la peau après des activités de plein air.

Il existe environ 850 espèces de tiques différentes dans le monde.
L’éducation des élèves est un des leviers pour réduire le risque d’infection. Une infirmière d’un établissement scolaire peut proposer des séances pour enseigner aux élèves comment reconnaître une tique, comment retirer correctement une tique en cas de piqûre et quand consulter un professionnel de santé. Elles peuvent être particulièrement utiles avant les sorties scolaires en forêt ou les départs en vacances.
En cas de suspicion de borréliose de Lyme ou d’une autre maladie vectorielle à tiques, l’infirmière doit être en capacité d’analyser les facteurs de risques, et d’orienter les élèves vers un diagnostic approprié. Une collaboration étroite avec les médecins généralistes et les centres de référence pour les maladies vectorielles à tiques (CR MVT) permet d’assurer une prise en charge rapide et efficace, et d’éviter une errance diagnostique qui peut réduire les chances de guérison sans séquelles.

Procédure pour le retrait d’une tique à l’aide d’un tire-tique.
https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/maladie_de_lyme_depliant_gp.pdf
Le suivi des élèves atteints de borréliose de Lyme ou d’autres maladies vectorielles à tiques est un aspects des missions de l’infirmière scolaire. Elle peut surveiller les symptômes, évaluer l’observance du traitement et fournir un soutien psychologique si nécessaire. Les élèves peuvent avoir besoin de soutien supplémentaire pour gérer les effets à long terme de la maladie, tels que la fatigue, les douleurs articulaires ou les troubles cognitifs.
« 1.1.1. L’accueil et l’accompagnement dans le cadre de la consultation infirmière spécifique
Il-elle assure un suivi et un accompagnement individuels, établit les relais nécessaires au sein de l’établissement (médecins de l’éducation nationale, assistants de service social, psychologues scolaires, conseillers d’orientation-psychologues, conseillers principaux d’éducation, enseignants…), accueille les parents dans la prise en charge du ou des problèmes identifiés et travaille en étroite relation avec les professionnels du réseau de santé. Il-elle effectue le suivi des actes infirmiers ou de l’orientation de santé proposés. »
Circulaire n° 2015-119 du 10-11-2015 – Missions des infirmiers-ières de l’éducation nationale
Les maladies vectorielles à tiques sont un des éléments qui appellent à la vigilance des professionnels de santé, y compris en milieu scolaire. Le document de la HAS offre des recommandations précieuses pour la prévention, le diagnostic et la prise en charge de ces affections. En adoptant une approche proactive et éducative, les infirmières scolaires continuent de jouer un rôle clé dans la protection des élèves contre ces infections et dans l’amélioration de leur bien-être général.

Préparation au recrutement : un exemple de question posée sur cette thématique, comme sujet écrit au concours de recrutement
Vous êtes infirmière dans un collège de zone rurale. Paul est un élève de 5e et il vient à l’infirmerie car il présente sur le mollet gauche un éruption cutanée en forme d’anneau autour d’une zone centrale. Il ne se souvient pas s’être fait piquer par un insecte, mais il vous raconte avoir participé à une course d’orientation en forêt lors de son cours d’EPS de la veille. Il vous explique qu’il était habillé en short.
1) À quel problème de santé ces éléments vous font-ils penser ?
2) Quelles sont vos actions à court terme dans la prise en charge de cet élève ?
3) Dans le cadre des sorties pédagogiques, notamment en milieu naturel, quelles propositions pouvez-vous formuler pour la prévention de ce problème ?
4) Auprès de qui ou dans le cadre de quelle instance, proposez-vous votre plan d’actions ?