Ce jeudi 14 mars se déroule la 27e journée nationale de l’audition. Alors qu’on estime que près d’un jeune sur deux est susceptible de subir une perte d’audition (étude 2022 BMJ Group Health), les nouveaux usages nomades sont particulièrement sensibles, et font l’objet d’actions de prévention dans les établissements scolaires.
Les constats partagés
Au cours des dernières années, les nouvelles générations ont adopté de nouveaux modes d’exposition aux sons. La consommation de musique s’est massivement tournée vers un usage individuel, qui augmente les risques, avec les écouteurs intra-auriculaires. L’utilisation de ces derniers a été particulièrement majorée avec la croissance des réseaux sociaux, et le phénomène du binge scrolling qui touche adolescents et jeunes adultes.
Une transformation des comportements, qui semble s’accompagner d’un élargissement de la durée d’exposition, comme par l’écoute pendant le sommeil. Cette habitude de l’endormissement avec du son, ne laisse aucun répit à l’appareil auditif, et l’empêche de récupérer la nuit.
L’accès aux jeux vidéos en réseau, facilité par les smartphones et les consoles portables, ont majoré encore le temps d’écoute individuelle à volume élevé.
Toutes ces conduites à risques peuvent sur le long terme avoir de lourdes conséquences sur l’audition, et engendrer des problèmes auditifs irréversibles (surdité, acouphènes…) qui se répercutent sur la qualité de vie et la santé mentale.
La problématique des acouphènes
La thématique de la JNA 2024, en association avec France Acouphènes, permet de tirer une nouvelle fois la sonnette d’alarme. Selon une enquête Ifop réalisée pour l’association JNA, on estime que 16 millions de français sont concernés par les acouphènes, dont 4 à 7 millions de manière permanente. Une méta-analyse publiée en 2022 dans la revue scientifique JAMA Neurol, a révélé que les enfants et adolescents sont concernés aussi bien que les adultes.
La sensibilisation en milieu scolaire
L’association musicale « Autour des Rythmes Actuels » située à Roubaix (59) porte depuis 2008, un projet de promotion de la santé auditive, par le biais de concerts pédagogiques qui allient humour, musique vivante et messages de prévention.
« Peace & Lobe » c’est un concert d’une heure, durant lequel cinq artistes passent en revue les musiques qui ont jalonné le XXe siècle, et les évolutions qui les ont accompagnées. Sans tomber dans un discours culpabilisant ou moralisateur, cette action encourage les élèves à prendre leurs propres décisions pour préserver leur santé auditive et conserver le plaisir d’écoute.
En complément de ce moment phare, des interventions en classe permettent aux collégiens et lycéens de bénéficier de séances prévention coconstruites entre les enseignants, et des musiciens et musiciennes.
Pour 2024, le contenu pédagogique a été retravaillé puis testé, avant d’être élargi à tout le public cible. Ce sont plus de 10000 personnes, dont 90% de 10-18 ans qui sont touchées chaque année.
Le financement de cette opération est assuré par l’Agence régionale de Santé et la Direction régionale des Affaires culturelles Hauts-de-France, avec le soutien de la Région Hauts-de-France. Seul le transport jusqu’au lieu de représentation reste à charge des établissements.
Zoom sur le terrain
Pascale est infirmière scolaire dans un lycée professionnel en Isère. Dans le cadre du CESCE de l’établissement, elle a participé au pilotage d’une action similaire.
« La moitié de notre effectif d’élèves de seconde a pu participer à « Dose le son ». Avec des professeurs, nous avons coanimé une intervention en classe autour de l’anatomie-physionomie de l’appareil auditif, et des usages que font les jeunes des écouteurs. »
Pascale, infirmière scolaire
Dans ce dispositif, les enjeux liés au parcours éducatif de santé sont étroitement liés au parcours artistique et culturel, comme le décrit Pascale : « Quelques semaines après, nous avons accompagné les élèves dans une salle de spectacle de la région pour assister à un concert pédagogique. C’était un véritable concert moderne, avec des artistes professionnels, qui a bien plu aux élèves. Les notions que nous avions travaillées en classe étaient présentées de manière ludique et complémentaires avec mon intervention. »
Pour aller plus loin :
Notre article sur le rôle infirmier dans l’audition
Notre comparatif d’audiovérificateurs pour les dépistages des troubles auditifs
L’infirmière scolaire a une place centrale dans la coordination de ces initiatives. La connexion entre la prévention sur les enjeux de santé et l’éducation et à la culture démontre tout l’intérêt du CESCE. Ces actions ne sont pas seulement des mesures préventives, mais aussi des opportunités d’apprentissage et de sensibilisation qui peuvent avoir un impact durable sur les comportements des jeunes.
