Une étude britannique publiée cet été montre l’augmentation du nombre d’enfants myopes dans le monde. Les confinements successifs durant la pandémie de Covid-19 en seraient une des causes. Avec la journée mondiale de la vue ce 12 octobre 2024, c’est l’occasion d’envisager des solutions de dépistage et de prévention, notamment en milieu scolaire, pour protéger la santé visuelle des enfants.
Au moins 1 enfant sur 5 myope
En France, c’est le CHU de Poitiers qui a pu mener une grande enquête pour évaluer la prévalence de la myopie. En 2016, on pouvait alors estimer que 20,48 % des enfants âgés de 0 à 18 ans étaient myopes, ainsi que 37 % des adultes.
Le risque majeur réside dans l’évolution défavorable d’une myopie non traitée. Cumulée à l’augmentation du nombre de cas, cette situation pourrait entraîner une augmentation du nombre de maladies ophtalmiques.
3 fois plus de myopes en 30 ans
Entre 1990 et 2023, le nombre de personnes myopes a été multiplié par trois. Mais cette évolution ne se répartie par équitablement à travers le monde. C’est en Asie qu’on retrouve les plus forts taux de prévalence, avec 85 % des enfants au Japon, 73 % en Corée du Sud et plus de 40 % en Chine et en Russie. Alors qu’elle y est sept fois moins fréquente que cela en Afrique, où la scolarité commence entre 6 et 8 ans.
Les filles sont davantage concernées, car il semblerait que leur sédentarité soit majorée par rapport à celle des garçons. Les inégalités liées aux comportements sociaux différenciés selon le genre, les poussent moins à pratiquer des activités de plein air. Or, le fait que les enfants passent plus de temps à se concentrer sur des livres et des écrans pendant les premières années, sollicite anormalement les muscles oculomoteurs et peut favoriser l’apparition d’une la myopie, suggère aussi cette recherche.
La faute au Covid ?
On imagine alors assez bien que les confinements successifs en 2020, lors de la pandémie de Covid-19, ont eu pour conséquence de favoriser l’apparition de nouvelles myopies. Cette anomalie de croissance des yeux débute généralement au cours des années de primaire, et tend à s’aggraver jusqu’à ce que la croissance soit terminée, vers l’âge de 20 ans. Les enfants, qui ont dû rester plus longtemps à l’intérieur que d’habitude, on été particulièrement touchés par ce risque.
« Les preuves émergentes suggèrent une association potentielle entre la pandémie et une détérioration accélérée de la vision chez les jeunes adultes », écrivent les chercheurs.
D’ici 2050, la myopie pourrait affecter plus de la moitié des adolescents dans le monde, selon les prévisions de l’étude.
Quels signes doivent pousser à explorer une éventuelle myopie ?
- Difficulté à lire des mots à distance, comme au tableau à l’école
- Regarder la télévision ou l’ordinateur de très près, ou tenir un téléphone portable ou une tablette près du visage
- Présenter des céphalées récurrentes
- Se frotter souvent les yeux
Importance du dépistage
La myopie ne peut pas être guérie à proprement parler. Mais l’acuité visuelle peut être corrigée par le port de lunettes ou de lentilles de contact.
Des lentilles curatives spéciales existent aussi et permettent de ralentir le développement de la myopie chez les jeunes enfants. Ce dispositif est coûteux et parfois compliqué à s’approprier pour les parents ou l’enfant, mais il permet de guider la croissance de l’œil d’une manière qui diminue la myopie.
Les parents doivent aussi savoir que la myopie est héréditaire. Si un des deux parents est myope, les enfants ont trois fois plus de risques de l’être également.
Le dépistage est donc très important pour détecter au plus tôt les débuts de myopie, pour pouvoir les traiter et garantir une évolution moins défavorable.
L’infirmière scolaire est une actrice incontournable de la santé visuelle des enfants et des adolescents. La consultation infirmière obligatoire de la douzième année coïncide avec l’entrée au collège des enfants. Le dépistage visuel fait partie de l’examen réalisé systématique pour tous les élèves de sixième. En plus de ce rendez-vous, l’infirmière peut proposer des dépistages à la demande, afin de lever ou confirmer un doute, et de pouvoir orienter dans les meilleurs délais vers une consultation spécialisée. Les enseignants, mais aussi les familles, peuvent solliciter l’infirmière scolaire pour dépister un élève, dans le premier, comme dans le second degré.