Une enquête menée pour l’association L’Autre Cercle révèle un climat scolaire et professionnel encore jugé insuffisamment inclusif par de nombreux jeunes LGBTQ+. Entre discriminations, autocensure et manque d’actions de prévention, ces résultats interrogent directement les acteurs de la santé scolaire et étudiante, en particulier dans la construction d’environnements éducatifs plus sûrs et respectueux.
Un état des lieux préoccupant
Plus de deux mille jeunes de moins de 25 ans, en études ou en recherche d’emploi, ont répondu aux questions de BVA People Consulting. Un tiers des répondants estiment que leur établissement n’est pas inclusif. Trois jeunes LGBTQ+ sur cinq déclarent avoir été victimes ou témoins de comportements discriminatoires et sept sur dix disent avoir entendu des propos ou insultes LGBTQphobes au cours de leur parcours scolaire.
Ces données dressent un constat préoccupant qui touche directement la santé et le bien-être des élèves. Pour les infirmières scolaires, elles rappellent que la lutte contre les discriminations n’est pas seulement une question de climat éducatif, mais bien un enjeu de santé au sens global du terme. Les impacts psychologiques de ces expériences, tels que l’anxiété, l’isolement ou la perte de confiance, sont des réalités qui affectent durablement les jeunes.
Des environnements éducatifs inégalement inclusifs
L’enquête met en lumière des différences marquées selon les niveaux et les filières. Alors que 44% des élèves de niveau Bac ou inférieur considèrent leur établissement comme non inclusif, ils ne sont plus que 23% à le penser en Bac+5. Les écarts se retrouvent également dans les parcours de formation : les STAPS apparaissent comme les filières les moins inclusives, tandis que les lettres, les arts ou les sciences humaines sont jugés plus favorables.
Dans ce paysage contrasté, les associations étudiantes jouent un rôle positif. Elles sont perçues comme inclusives par 77% des jeunes interrogés et apparaissent ainsi comme des leviers essentiels pour renforcer le climat éducatif et favoriser une meilleure acceptation de la diversité.
Malaise et autocensure : les impacts sur les jeunes
Malgré ces difficultés, une majorité de jeunes LGBTQ+ affirment s’autoriser à être eux-mêmes dans leur établissement. Ils sont ainsi 75% à déclarer se sentir suffisamment en confiance pour se montrer tels qu’ils sont, principalement auprès de leurs camarades. Mais cette visibilité demeure fragile et chute brutalement à l’arrivée sur le marché du travail, où seuls 48% continuent à s’affirmer.
L’autocensure est très présente. Plus de la moitié des répondants estiment que leur entourage n’a pas besoin de savoir leur orientation sexuelle ou leur identité de genre. Près d’un jeune sur deux dit ne pas se sentir prêt à s’affirmer pleinement. Ces comportements d’évitement révèlent un malaise persistant, qui peut peser lourdement sur la santé mentale et l’estime de soi. Dans ce contexte, le rôle des professionnels de santé scolaire n’est pas accessoire : accueillir la parole des jeunes, offrir un espace de soutien confidentiel et bienveillant et repérer les situations de vulnérabilité sont des missions essentielles.
Une attente forte de prévention et d’inclusion
Un autre des enseignements de cette enquête est le déficit d’actions visibles dans les établissements. En moyenne, 58% des jeunes déclarent n’avoir jamais bénéficié d’une sensibilisation à la prévention des LGBTQphobies. Dans certaines filières, comme la communication et le journalisme, ce taux grimpe même à 71%.
Pour aller plus loin, sur eduscol :
Prévenir les LGBTphobies en milieu scolaire
Les attentes des jeunes sont pourtant claires. Ils souhaitent davantage d’actions de prévention, une meilleure inclusion dans la vie de leur établissement et une égalité de traitement dans les relations éducatives et administratives. Ces résultats ouvrent des perspectives d’action concrètes pour les instances en charge des parcours éducatifs. La mise en place d’ateliers de sensibilisation, le soutien aux projets portés par des associations ou encore la coopération avec les équipes pédagogiques apparaissent comme des leviers à renforcer encore, pour défendre le respect et l’égalité au quotidien. D’autant plus que les progrès dans l’inclusion réalisés au niveau des établissements scolaires et d’enseignement supérieur, favorisent le respect des droits des personnes LGBTQ+ dans les entreprises, une fois les étudiants entrés dans le monde professionnel.

Une vigilance nécessaire face aux régressions
Le climat d’inquiétude est toutefois plus large que celui de l’environnement scolaire. Près de 68% des jeunes sondés disent redouter les régressions observées dans certains pays européens où les droits LGBTQ+ reculent, comme en Italie, en Hongrie, en Pologne ou au Royaume-Uni. Ce contexte international pèse sur les représentations et rappelle l’importance de garantir en France des environnements scolaires protecteurs et inclusifs.
Les discriminations et le manque d’actions fortes en matière de prévention fragilisent encore le bien-être et la santé mentale des jeunes. Le défi est donc de taille : agir contre les discriminations, encourager la visibilité sans crainte et bâtir un climat éducatif où chacun et chacune peut grandir sans devoir dissimuler une part essentielle de son identité.
Quatre clés pour l’infirmière scolaire
pour agir au quotidien pour l’inclusion des jeunes LGBTQ+
1. Prévenir et sensibiliser
Participer à la mise en place d’actions éducatives sur le respect et la lutte contre les discriminations, en lien avec les enseignants, CPE et associations, dans le cadre du CESCE.
2. Accueillir et accompagner
Offrir un espace d’écoute bienveillant et confidentiel aux élèves qui se questionnent ou se sentent discriminés, en travaillant en lien avec le collègues des services sociaux et psychologiques. Astuce : afficher le logo QUEEREILLE sur son bureau ou sa porte, il identifie le professionnel comme ouvert à la discussion sans jugement.
3. Repérer et agir
Être attentifs, en équipe, aux signes de malaise, d’isolement ou d’autocensure, et intervenir en cas de propos ou comportements discriminatoires, en s’appuyant sur le règlement intérieur et les ressources institutionnelles.4. Mobiliser les ressources académiques
S’appuyer sur les Observatoires de la haine anti-LGBT+, les chargés de mission égalité filles-garçons, les référents éducation à la sexualité, les équipes pHARe.